vendredi 31 juillet 2020

La vache et le milan (fable)



Photo Patrick BOUVIER



La réalité n'est pas toujours
Ce que nos yeux nous disent,
Écoutez plus tôt cette histoire.

Une vache dans un pré bien vert
A l'heure délicieuse de la pause
Ruminait gentiment,
L’œil plutôt querelleur un milan royal
Contre son nez se posa,
La vache surprise de voir cet oiseau
Dont elle ignorait la provenance
Ne bougea pas d'un cil,
Habituée de vivre au sein d'un troupeau
Ordonné en hiérarchie
Elle s'étonna de voir cet oiseau solitaire
Insister du regard
Allait-il lui piquer d’un coup sec le museau
Ou se décider à partir ?
- Que veux-tu oiseau minuscule ?
lui dit-elle doucement
Je préfère de beaucoup l'aigrette blanche
Gardeuse de bœuf,  jolie et bien faite.
Elle m'accompagne très souvent,
Et j’avoue aimer sa présence.
L'oiseau étrangement resta muet
- Pourquoi me toiser ainsi milan?
Dis quelque chose voyons, cela m'épuise, 
Insista la vache désarmée.
Fier et arrogant le milan se taisait,
Ni l'un ni l'autre ne songeant à bouger
Cela aurait pu durer des années !
Ce que la vache ignorait
C'est que sous son ventre large et grassouillet
Une petite musaraigne
Repas favori de l’oiseau, s'était dissimulée
Et attendait elle aussi
Que le milan royal se décide à partir…

L'histoire ne dit pas
    Ce qu'il advint de la situation
Ce n'est pas ici l'intérêt de cette partition,
Pour notre plaisir on peut juste rêver
Que la souris bien maline
Parvienne très vite à s’enfuir


©


Théa Casamance
Art et poésie 29 juillet 2020
Ici ou Ailleurs







jeudi 30 juillet 2020

L'arbre contorsionniste





Photo Dominique GUIBERT



Que de tortures de contorsions
Pour arriver à la lumière
Ce pin a de la suite dans les idées
Il a du contourner bien des difficultés
Pour gagner sa liberté

Maître de la rue
Il semble ignorer
 Les allées et venues des passants 
Qui se promènent et connaissent bien
Cet arbre  phénomène
Tu peux être fier bel arbre

Chaque fois que je t’aperçois
Mes yeux étonnés s’interrogent
Jusqu’où ira ton courage
Et ta grande témérité
Vers quel ciel quels espoirs inégalés
Veux tu donc te hisser

Dans le village chacun connait
L’arbre qui fait le contorsionniste
Pour les grands et les petits
Ce n’est pourtant pas le cirque ici
Juste un arbre libre et heureux
Qui s’épanouit et s’envole
Dans un beau ciel tout bleu


©



Théa Casamance
29 juillet 2020 Art et poésie
Ici et Ailleurs





vendredi 24 juillet 2020

En voyage moi aussi




Photo DRAIN Jean-Baptiste


Poussées par des vents généreux
Comme elles sont merveilleuses
Ces oies sauvages
Assises sur leur dos
Confortablement installée
Entre leurs ailes immenses
Soyeuses et cendrées
Je n’ai pas peur
Juste heureuse de partir
En voyage moi aussi
Dans ce beau ciel de mars
Peu m’importe
Si je ne sais où elles vont
Elles connaissent le chemin
Savent qu’elles y seront bien
Elles filent en triade
Pour aller plus vite et plus loin
Vers des pays lointains
Du nord sans doute
 Le ciel y sera plus serein
Pour la prochaine couvée 

Heureuse et comblée
Je m’invente avec elles des voyages
Gorgés de rêves et d'envies
Avec en tête une seule idée 
Celle de les accompagner

©


Théa Casamance
20 juillet 2020  Ici ou Ailleurs
Art et poésies








lundi 13 juillet 2020

D'un côté ou de l'autre ( extrait)








Il y avait dans la désespérance de Léa comme l’écoulement d’une rivière dans la douceur du soir, un mince filet d’eau qui gémit au fond du lit quand les yeux sont secs et qu’il ne reste que des cailloux pour retenir le flot des pleurs. Elle se sentait glacée comme si elle avait été au bord d’un gouffre, paralysée, ne sachant si elle devait sauter. Elle sortit sur la terrasse et s’assit un moment dans son fauteuil, le regard une fois de plus complètement perdu songeant à sa vie de rien qui ne l’avait amenée au bord de l’océan que pour y déverser le bout de ses chagrins.   

Qu’avait-elle à attendre de cette vie qui épongeait sans cesse un front livide. Au regard de sa solitude, le crépuscule qui descendait le long de l’horizon comme le feu d’une passion négligée par l’autre, aurait pu la retenir…tout lui était étranger. Le village avait perdu de son charme et ne ressemblait ce soir dans la pénombre qu’à un ballet de fantômes grand-guignolesques. Demain le jour se lèverait sur l’ineffable déploiement de l’aube et elle aurait oublié ce moment d’incertitude se plongeant avec courage dans une journée d’occupations qu’elle qualifiait d’inutile. Seule l’écriture lui donnait l’impression de vivre. Elle éprouvait un plaisir certain à déplacer les mots les faisant vibrer au rythme d’un cœur qu’elle avait aussi sensible que les cordes d’un violon. Léa pensait qu’un jour elle pourrait disparaître au bout d’une nuit de chagrin quand les forces s’épuisent et qu’il ne reste plus que ce silence qu’elle entendait sans cesse lui ricaner aux oreilles comme le pire des démons.    


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Léa est une autre
Recueil de nouvelles par Théa Casamance





mardi 7 juillet 2020

Comme dans un rêve



Photo Jean-Baptiste DRAIN


Cadeau inattendu
Image surréelle 
L' aigrette patine glisse sur l'eau
Un peu comme dans un rêve
Ses ailes d’ange amplement déployées
Esquissent des images mystérieuses

On hésite

Flamboyant dragon albinos
Esprit Chimérique
Ou simple fantôme
Venu jouer avec la nuit

Les gouttelettes d’eau éclaboussent
Etoiles grivoises trouant le ciel
La nuit est si noire
Le silence si bavard
L’extase est certaine
L’image sublime
Et les mots pour le dire inutiles

Un seul se risque sous ma plume
 Hésite encore à cette heure
Surprend et demeure
Un seul mot      La Grâce
        

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Théa Casamance
7 juillet 2020 Ici ou Ailleurs
Art et poésie